Des Cailloux ...

 

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Contexte régional

Située aux confins de la plaine côtière du Languedoc et de la basse vallée du Rhône, la feuille géologique Nîmes comprend quatre domaines bien différenciés :

  • — au Nord-Ouest, les Garrigues de Nîmes, collines et plateaux constitués de calcaires d'âge Crétacé inférieur déposés en milieu marin. Plissée au Tertiaire, cette région est limitée au Sud par la faille de Nîmes.

  • — au centre, le plateau des Costières, dont la surface est couverte par des alluvions rhodaniennes du Quaternaire ancien. Ces formations détritiques couronnent une importante série tertiaire. La partie occidentale déprimée des Costières est la plaine de la Vistrenque, largement occupée par l'agglomération nîmoise.

  • — la partie sud-est de la feuille, basse et quadrillée de canaux, appartient au domaine camarguais.

  • — le Nord-Est de la feuille est beaucoup plus complexe. Le confluent du Rhône et du Gardon y forment la limite sud-est des collines d'Avignon, mosaïques d'affleurements crétacés, miocènes, pliocènes et quaternaires.

Dans ce paysage relativement ordonné, les collines de Beaucaire apportent une note d'originalité, avec des lambeaux ruiniformes de molasse burdigalienne perchés sur des pitons à soubassement de calcaire d'âge crétacé inférieur.

F. MÉNILLET 1973 

Histoire géologique régionale 

C'est avec la période crétacée qu'apparaissent les premiers dépôts ayant un rôle important dans l'ossature actuelle du territoire couvert par la feuille. Les calcaires d'âge hauterivien et barrémien, qui affleurent dans les Garrigues, les collines de Beaucaire, de Montfrin et de Théziers, sont des dépôts marins, de plate-forme littorale, en bordure sud de la « fosse vocontienne ». Après l'épisode urgonien, un bombement, l'Isthme durancien (~Albien; la collision Afrique-Eurasie commence!) va se développer, de l'Estérel aux Pyrénées. Cette zone émergée va  séparer la mer Alpine, au Nord-est, de la future méditerranée, au Sud.

Ensuite, jusqu'à l'Éocène inférieur, aucun dépôt important n'a vraisemblablement recouvert ces formations. La fin de la période crétacée n'est représentée en Languedoc et en Provence, que par des dépôts d'origine essentiellement continentale. Peu étendus, les dépôts éocènes correspondent également à un milieu continental, avec des formations essentiellement argilo-sableuses. Dans les collines de Beaucaire, la partie supérieure de l'Éocène est représentée par des calcaires lacustres à saumâtres, classiquement rattachés à l'étage Sannoisien. Selon Cl. Cavelier, leur faune présente cependant beaucoup plus d'analogie avec le Ludien, tel qu'il est défini dans le Bassin de Paris.

La phase pyrénéenne (~Maestrichien; collision Afrique-Europe liée à l’ouverture de l’Atlantique sud!), localement responsable du plissement des Garrigues, serait donc postérieure au dépôt de ces calcaires (???)

Après cette période orogénique, intervient comme dans bien d'autres régions de l'Europe occidentale (Alsace, Bresse, Limagne), une tectonique cassante en distension, responsable de la formation de grabens. Une structure de ce type s'est formée à l'emplacement actuel des Costières

Au Sud-est, la faille de Nîmes interrompt brutalement les Garrigues et affaisse l'ensemble des formations géologiques. On rentre dans le domaine des plaines bordières, couvertes de cailloutis "villafranchiens" (quaternaire ancien), localement recouverts de limons, où l'altitude dépasse rarement les 100 m.

La faille de Nîmes (comme la faille des Cévennes) limite un profond fossé d'effondrement (graben) correspondant à la "Vistrenque" et au "graben de Pujaut". Au Sud-est, ce fossé est limité par une zone positive (horst), bien marqué entre Villeneuve-lès-Avignon - Montfrin - Beaucaire, où l'on peu observer des formations crétacées ; ce horst disparaît sous les terrains récents vers le Sud-ouest (costière de Nîmes).

En fait le socle s'enfonce progressivement vers la méditerranée par une succession de horst et de graben  recouverts peu à peu par les alluvions quaternaires.

 Les compagnies de recherches pétrolières ont reconnu une puissante série d'âge stampien-aquitanien, composée d'évaporites à la base et d'éléments détritiques fins au sommet, qui a comblé ce fossé.

C'est également le long de la faille de Nîmes que jaillit la source Perrier.

 

Au Miocène, l'évolution de la région du bas-Rhône, est liée à l'histoire de la mer périalpine. Les dépôts caractéristiques de ce bras de mer, les molasses burdigaliennes et helvétiennes (Molasse : calcaire gréseux friable, parfois très riche en coquilles comme dans la pierre du pont du Gard) sont bien représentées sur la feuille dans les collines de Beaucaire, Montfrin, Théziers et sous les Costières. .... 

Après la transgression burdigalienne (- 20 - 11MA) qui va voir le niveau de la mer monter de près de 200 m (par rapport au rivage actuel), la mer se retire 

Vers - 6 MA la méditerranée va vivre un épisode critique. La fermeture du détroit de Gibraltar va entraîner une baisse de plusieurs milliers de mètres du niveau de la mer. Cette "crise messinienne" a des conséquences importantes : dépôts de gypse et de sels, surcreusement des vallées (des sondages et des études géophysiques ont montré que le Rhône, ou plus exactement le paléo-Rhône (La formation d'une pré-vallée du Rhône, très profonde, se placerait à cette période.), s'était enfoncé de près de 1000 m sous la Camargue). Mais la mer revient très vite et envahit les vallées les plus profondes (la mer remonte de la sorte jusqu'à Lyon), déposant d'importantes quantités d'argiles  puis de sables. 

 

Dans le bassin du Rhône, le cycle pliocène correspond à une invasion de la mer dans cette pré-vallée, transformée en ria et comblée par le dépôt des argiles à faciès plaisancien..... Du Gùnz au Mindel, se seraient déposées les formations détritiques des Costières, affectées, après leur dépôt et plus particulièrement dans les périodes interglaciaires, de pédogenèses relativement intenses. L'essentiel du matériel de ces formations vient du remaniement, par le Rhône quaternaire, des débris de quartzite du Trias alpin et des sables pliocènes. En suivant l'hypothèse de G. Denizot (1946) et de A. Bonnet (1953), le relèvement tectonique des Costières aurait eu lieu à la fin de cette période. Dès le Riss, la disposition actuelle des basses vallées du Rhône et du Gardon était probablement esquissée et les dépressions des Costières déjà individualisées. Le dépôt des principales masses loessiques s'est effectué, pour l'essentiel, pendant les périodes Riss et Wûrm.

Dans certaines parties de la Petite Camargue et de la rive gauche du Rhône entre Aramon et Beaucaire, des lagunes ont vraisemblablement subsisté, jusqu'à une période relativement récente de l'Holocène.

F. MÉNILLET 1973 & J.P. ROLEY 2007

en minuscule/italique : notes ACPM

fosse vocontienne extrait de "GEOL-ALP" (http://www.geol-alp.com), par Maurice GIDON, 1998-2019

Isthme durancien (G. Demarcq 1973)

 

 

 

Manduel : 

ce que dit la carte géologique

F. MÉNILLET 1973

Fvb 

Formations détritiques des Costières (Cailloutis villafranchien), galets, graviers, sables altérés sur plusieurs mètres : « paléosols » : gapan, gress caveran, accumulations argileuses bariolées. (Alluvions anciennes d'âge controversé)


Ces formations ont été traitées comme une seule unité cartographique. Quels que soient leur âge, la multiplicité des apports qui les ont constitué et les phénomènes d'altération qu'elles ont subi, elles présentent cependant suffisamment d'individualité pour être considérées comme une seule entité du point de vue géologique. Les termes « cailloutis villafranchien » et « paléosols » apparaissent dans le titre en raison de leur fréquent usage dans la littérature. La notation Fv n'a aucune valeur chronologique absolue. Individualisées en premier lieu par une forte proportion de galets de grande taille, les formations détritiques des Costières occupent une superficie importante de la feuille Nîmes. Conséquence de leur altération, les « paléosols rouges » marquent fortement le paysage des Costières. L'épaisseur de ces formations est importante : une quinzaine de mètres en moyenne. En Costières, des épaisseurs plus faibles sont connues au Sud-Est de Garons et aux environs de Redessan ( ~ 8 m ) , tandis que les cailloutis sont plus épais en Vistrenque (maximum 47 m au sondage 5.83). D'origine alluviale, ces formations comprennent une forte proportion de galets (environ 75 %) dans une matrice sableuse et calcaire lorsqu'elles ne sont pas altérées. La stratification, peu nette en général, est de type fluviatile (galets inclinés, lentilles de sable). Les galets sont formés de quartzites, remaniés pour l'essentiel des formations triasiques des bassins du Drac et de la Durance (60 à 80%), de quartz laiteux (10 à 30 %), de calcaire provenant des niveaux durs du Mésozoïque rhodanien (5 à 25 %) et, en proportions plus faibles, de granités, de gneiss, de basaltes du Coiron et de grès permiens (*). En outre, s'observent épars, des dalles de grès burdigaliens (**) et des galets d'argile. La dimension maximale des galets d'origine lointaine (quartzite) est voisine de 40 cm et 5 % d'entre eux dépassent 10 centimètres. Tous sont fortement arrondis et les plus gros ont une forme caractéristique avec une face inférieure relativement plane et une partie supérieure arrondie. ... La matrice est formée de sables, limons, argiles et calcaires. .... Les argiles présentes en faible quantité sont en général constituées d'illite. La matrice contient en moyenne 20 % de calcaire. ...Cet apport calcaire a parfois cimenté une partie des alluvions en « poudingues ». Ceux-ci peuvent être examinés sur les coteaux situés au pied de la Tour de Bellegarde.

Les «paléosols rouges». Beaucoup d'auteurs désignent ainsi la partie supérieure, rubéfiée, ... des formations détritiques des Costières. La langue occitane emploie deux termes très usités dans la littérature pédologique et géologique : le « gapan », compact, couleur rouge « sang de boeuf » et le « gress caveran » plus meuble, de teinte grisâtre ou rosâtre.

  • Dans son ensemble, le gapan est essentiellement composé de galets, plus ou moins profondément rubéfiés (55 %) et de gravier (30 %). Sa matrice, sablo-limoneuse, comprend en moyenne 25 % d'argile (10 à 40%).

  • Le gress caveran est lié, en partie, à un lessivage des argiles de la partie supérieure du cailloutis. Les argiles déplacées forment souvent des « accumulations argileuses bariolées » au-dessous du gress caveran. Les comptages pétrographiques montrent que la proportion des galets de quartzite est plus élevée que dans l'alluvion originelle en raison de la dissolution des galets calcaires et de l'altération des galets de roches éruptives et cristallophyliennes. C'est ainsi que 90 % des galets peuvent être en quartzite. Les galets, surtout à proximité de la vallée du Rhône, ont subi une très nette éolisation : « dépolis », « cupules », et même des « facettes » reconnues par de nombreux auteurs. J.P. Schwobthaler et H. Vogt ont compté 40 à 50 % de galets fracturés et les attribuent selon A. Cailleux à l'action du gel quaternaire. De même, les sables de la matrice comprennent une forte proportion de grains éolisés : 10 à 50 % de grains ronds mats. ...

L'épaisseur des « paléosols rouges » est importante mais variable : 2 m aux environs de Bellegarde, 5 à 6 m entre Bouillargues et Rodilhan, plus de 7 m à Garons et Caissargues. Ils se présentent soit directement en surface (« gress ») soit sous une couverture de limons loessiques. Ce manteau loessique a fourni localement le carbonate des enduits et « croûtes » calcaires qui cimentent en général le cailloutis à une profondeur variant de 0,50 à 1,50 m (P. Marcelin, 1926). ... Les galets sont souvent redressés en surface et des figures de sols polygonaux ont  été observées et décrites aux environs de Meynes .

L'interprétation et l'âge des formations détritiques des Costières est l'objet de controverses. Des arguments paléontologiques, morphologiques, tectoniques, paléopédologiques et sédimentologiques ont été invoqués.

  • A. Bonnet se fonde sur la paléontologie (découverte 6'Elephas meridionalis et Mastodon arvernensis) pour attribuer à l'ensemble de la formation un âge villafranchien au sens du Lexique stratigraphique international. L'historique des récoltes anciennes est faite par F. Bourdier, 1961, p. 216, tandis que A. Bonnet (1965) donne un inventaire des découvertes récentes.

  • De l'analyse morphologique des Costières, de Lamothe, Ch. Depéret puis F. Roman (carte à 1/80.000, 2ème édit.) et J. Blayac ont déduit des replats interprétés comme des terrasses fluviatiles. Les alluvions correspondantes sont datées du Villafranchien au Mindel par l'altitude relative de ces terrasses. Le replat de 90-1OO m est attribué au Villafranchien (Donau ou Gùnz), celui de 55-60 au Quaternaire moyen (Mindel).

  • Pour les pédologues de la C.N.A.R.B.R.L., cette disposition est confirmée par des critères pédologiques.

  • En revanche, la tectonique quaternaire est invoquée par G. Denizot (1946) et A. Bonnet (1953) pour rendre compte de ces étagements. P. Rutten, G. Bouteyre et J. Vigneron (1963) formulent une chronologie établie sur le degré d'évolution des « paléosols ». Sur les formations grossières du Quaternaire languedocien, ces auteurs ont observé différents types de sols qui ne se différencient entre eux que par leur degré d'évolution. Les sols les « plus anciens » sont très « lessivés » ; ils comprennent un épais horizon « A » (gress caveran), surmontant un horizon « B textural » à « accumulation argileuse bariolée », formant une couche très peu perméable. Ensuite viennent des sols moins fortement lessivés à horizon B moins compact (gress à gapan). Des sols fersiallitiques à accumulation calcaire puis toute une gamme de sols bruns plus ou moins lessivés complètent cette succession.

  • J.P. Schwobthaler et H. Vogt (1955) voient des différences sédimentologiques entre l'alluvion inférieure « fluviatile » et le gapan « fluvio-glaciaire » (morphologie des galets, stratification).

Si la cartographie géologique n'a pas apporté de solution définitive à ces problèmes, il est cependant possible de formuler quelques remarques :

— Les découvertes de Mastodon arvernensis et ô'.EIephas meridionalis prouvent au moins l'ancienneté d'une partie du cailloutis des Costières.
— Si la réalité d'une tectonique quaternaire semble admise par la plupart des auteurs, les opinions divergent au sujet de son expression et de son âge. A. Bonnet la place avant le Mindel, en remarquant que, dans la vallée du Rhône, seules les surfaces anté-Mindel sont gauchies. Or la datation Mindel d'une partie de la formation détritique des Costières repose essentiellement sur des critères paléopédologiques. Les deux opinions sont parfaitement conciliables à condition d'admettre, par exemple, que le relèvement des Costières se soit produit pour l'essentiel à la fin de l'Interglaciaire Gùnz-Mindel.
— La forte épaisseur des cailloutis sous la Vistrenque suggère que cette zone a commencé à s'abaisser au cours de leur accumulation.
— La région des Costières est située à proximité de la limite des domaines fluviatiles et du domaine marin au moins lors du dépôt du cailloutis inférieur. Dans ce cas, il est vain d'y rechercher des terrasses comparables à celles de la vallée moyenne du Rhône.
— L'évolution pédologique de la surface des Costières a pu être influencée, localement, par des remaniements superficiels ou par d'autres facteurs qui échappent à l'observation actuelle.

En conclusion, il semble qu'il manque encore beaucoup d'éléments pour reconstituer logiquement l'histoire et la paléogéographie des formations détritiques des Costières.

 

CF

Remplissage des dépressions des Costières et de la Vistrenque : Limons gris, calcaires.

En bordure des dépressions, les limons des Costières sont plus épais, en particulier à la suite de processus de colluvionnement, et passent progressivement à des limons gris, épais, hydromorphes et très calcaires. Au Nord de la Vistrenque, les limons des formations du piedmont de la Garrigue se relient de la même manière à des dépôts semblables.

Les limons gris sont plus fins et plus argileux. ...

Ils sont très calcaires (50% en moyenne). Les tests de Mollusques, localement très nombreux, peuvent constituer une part importante de la fraction carbonatée. ...Sous ces limons, d'importantes accumulations calcaires cimentent la formation détritique des Costières sous-jacente. Elles sont bien plus développées que sous les limons des Costières. Le cailloutis est souvent enrichi en calcaire sur une épaisseur de 1 à 1,50 m. La calcite est concentrée en un ou plusieurs niveaux qui peuvent se subdiviser latéralement. Compacts et ondulés, ils peuvent présenter un rubanement. Ces niveaux ont quelques centimètres d'épaisseur.

L'origine du matériel de ces limons est vraisemblablement double, éolienne et colluviale. Leur parenté avec les limons des Costières et les « loess de Lédenon » est nette, bien qu'ils soient plus argileux et qu'ils « portent la trace de leur formation en zone marécageuse » (J.R. Desaunettes et J. Vigneron, 1958). En effet, le caractère « palustre » de cette formation n'a probablement pas été très marqué : aucune zone tourbeuse n'a été observée.

 

OE 

Limons loessiques des Costières.

La moitié du domaine de la formation détritique des Costières est recouverte par des limons sableux. Leur épaisseur est faible, de 0,75 m en moyenne. A partir de 0,50 m, ils sont figurés par des hachures. Les valeurs supérieures à 1,50 m correspondent à des « poches » ou des « gouttières » de très faible étendue, nombreuses sur les versants des Costières (poches de solifluxion ou de cryoturbation ou paléo-thalwegs).

Aucune subdivision stratigraphique nette n'est apparue au cours des levés. S'il est possible de distinguer limons calcaires et limons non calcaires, ces derniers résultent le plus souvent d'une évolution pédologique des premiers. Une telle distinction échappe donc à la cartographie géologique.

...

Minéralogiquement, les limons sont constitués essentiellement de quartz détritique (plus de 60 %), de calcaire (20 à 30 % de CaC03 pour les limons non décalcifiés) et de minéraux argileux (kaolinite, montmorillonite, illite en quantités sensiblement équivalentes). Accessoirement, feldspaths (orthose et plagioclase) et muscovite sont décelés à l'analyse diffractométrique.

Comme dans la plupart des loess, le calcaire se présente sous forme de pseudo-mycélium, de fines tubulures (manchons autour des anciennes radicelles), d'agrégats pulvérulents ou de concrétions dures (poupées). En outre, il forme à la base des limons, des accumulations importantes de plusieurs centimètres (croûtes). Celles-ci peuvent être meubles ou consolidées, cimentant les galets des Costières en poudingues.

La couleur est sensiblement rousse (Code Munsell : 7,5 YR 4-7 à 6-6 - teinte à sec) et à l'exception des zones déprimées, les limons des Costières ne sont guère hydromorphes.

Depuis P. Marcelin (1926), ces limons sont interprétés par la plupart des auteurs comme d'anciens loess partiellement remaniés par colluvionnement et plus largement affectés par les pédogenèses du Quaternaire récent (décalcification). Ils sont assez comparables à la partie supérieure des « loess de Lédenon ». Le matériel éolien est vraisemblablement le même, à l'exception de grains de sable repris par les limons des Costières au cailloutis sous-jacent (morphoscopie identique : 10 à 15% des grains de 0,5 mm éolisés). Les limons des Costières ont cependant subi une action pédogénétique plus importante que les loess de Lédenon. Aux environs de Bouillargues, les limons des Costières renferment quelques petits cailloux anguleux (1 cm) provenant des calcaires crétacés de la Garrigue (observations du Service des Sols de la C.N.A.R.B.R.L.). Peut-être est-ce l'indice d'une ancienne continuité des limons des Costières avec les formations du piedmont de la Garrigue, avant l'enfoncement tectonique supposé de la Vistrenque.

 

 

 

 

 

 

Pour approfondir : Compléments

   
Données sondages F. MÉNILLET 1973


Légende
Remarques Tectoniques

 

Les différentes régions, recoupées par la feuille Nîmes : Garrigues, Costieres, Collines d'Avignon et Camargue, correspondent à des domaines structuraux différents. Cependant, les principales directions tectoniques sont sensiblement les mêmes sur toute l'étendue de la feuille :

— direction SW-NE, avec l'accident majeur de la faille de Nîmes (au moins 800 m de rejet).
— direction NW-SE, avec la faille Mont Lozère—Cap Couronne (A. Bonnet, 1962). 

La direction Est-Ouest « pyrénéenne » est représentée par la structure plissée des Garrigues. La direction Nord-Sud « rhodanienne » n'apparaît pas nettement sur la feuille.

1) Les Garrigues; structure plissée du domaine pyrénéo-provençal .

Dans les Garrigues, les formations d'âge crétacé sont ondulées, selon des plis d'axe Est-Ouest. Ceux-ci, de dimensions réduites à proximité de Nîmes, sont plus importants avec un rayon de courbure plus réduit, au Nord de la feuille. Au Nord-Est du Camp des Garrigues, à proximité du Mas des Cabanes, les levés ont mis en évidence un net déversement de l'anticlinal de Poulx, vers le Nord. Ce déversement local apparaît lié à la faille Mas de Cabanes—Saint-Gervasy. Le jeu principal de celle-ci est donc contemporain de la phase finale du plissement. Les failles est-ouest apparaissent essentiellement localisées sur les flancs nord des plis ; le jeu des failles NW-SE apparaît mal. Les Garrigues constituent une partie du domaine plissé pyrénéo-provençal dont la phase principale de plissement est d'âge sannoisien. Les assises à Éocène inférieur du synclinal de Mangeloup (au Nord-Ouest de la feuille) sont d'ailleurs affectées d'un fort pendage. Avant la formation du fossé des Costieres, le monoclinal de Beaucaire devait être relié à la région des Garrigues. Dans les collines de Beaucaire, les molasses burdigaliennes reposent en discordance angulaire sur les calcaires ludiens. 

2) « Fossé des Costieres », « Fossé de Pujaut », faille de Nîmes : tectonique cassante, d'âge oligocène, suivant des failles d'orientation Sud-Ouest — Nord-Est.

Au Sud-Ouest de la feuille Nîmes, les recherches de la S.N.P.L.M. ont mis en évidence un paléo-fossé très net, à l'emplacement de la partie centrale des Costieres (Garon—Caissargues). La série d'âge stampien- aquitanien y atteint localement 2 000 m de puissance. La partie nord des Costieres, se situe dans le prolongement du fossé de Pujaut (1/50 000 Avignon). Le haut-fond, constitué par les collines de Beaucaire, est en réalité un horst qui se prolonge en profondeur, jusqu'à Bellegarde. Le fossé compris entre la Montagnette et les Alpilles, se prolonge sur la feuille, au Sud-Ouest de Tarascon. La faille de Nîmes sépare le domaine des Garrigues apparemment stable depuis le plissement pyrénéen, du fossé des Costieres et du fossé de Pujaut. Elle a dû jouer essentiellement au cours de la période Stampien - Aquitanien ; son rejet atteint localement 800 mètres.

3) Tectonique ayant affecté les formations burdigaliennes et helvétiennes : l'inclinaison des molasses miocènes à Montfrin.

Des mouvements d'âge post-helvétien ont bien été mis en évidence en Provence et dans les Alpilles (J. Goguel, 1952). L'inclinaison des molasses miocènes à Montfrin est probablement liée à cette phase tectonique.

4) Relèvement des pays du Bas-Rhône au Miocène supérieur et creusement ou subsidence de la « ria camarguaise ».

A la suite des campagnes de recherches pétrolières (S.N.P.L.M.), une paléomorphologie en ria a été mise en évidence à la base des argiles pliocènes. Le toit des formations miocènes étant localement non érodé, à des profondeurs de 600 m, cette structure a été interprétée soit comme la conséquence d'une subsidence très localisée (Beaufort et al., 1954), soit due à un creusement fluviatile important lié à une baisse de niveau de la Méditerranée et un relèvement des pays du Bas-Rhône (G. Denizot, 1952).

5) Interprétation tectonique de la structure des Costières.

L'existence d'une tectonique quaternaire dans cette partie du Languedoc est prouvée par la faille de Vauvert (Sud-Ouest de Nîmes, feuille à 1/50.000 Lunel). A la suite d'observations de terrain et de données des sondages pétroliers, G. Denizot (1946) puis A. Bonnet (1952, 1962) ont expliqué, pour une large part, la morphologie des Costières par le jeu d'une tectonique quaternaire. Dans ces hypothèses et, contrairement à la période Stampien - Aquitanien, la partie centrale des Costières a subi des mouvements positifs, tandis que la Vistrenque et la Camargue se sont affaissées de quelques dizaines de mètres. Le compartiment le plus surélevé est compris entre Vauvert et Bellegarde et, dans cette région, les sables pliocènes viennent en affleurement. Les limites entre les compartiments surélevés et les compartiments abaissés ont été figurées comme des flexurés (voir le schéma structural, en marge de la carte). En l'absence de critères chronologiques précis, l'âge exact de ce jeu tectonique, dans le Quaternaire ancien, est inconnu (voir p. 14). Cette interprétation est réfutée par les pédologues de la C.N.A.R.B.R.L., (J. Barrière, 1972) qui assimilent les différents « paliers » des Costières à des terrasses f luviatiles du Quaternaire ancien. Au Sud-Ouest de Sernhac, à proximité du sondage 3.204, les formations pliocènes sont affectées d'un fort pendage en direction du N.NE.

6) Les dépressions fermées des Costières.

La partie orientale des Costières est parsemée de dépressions fermées dont la plus vaste est celle de Jonquières — la Palud, profonde de 30 m environ. En l'absence de sondages profonds, leur genèse est difficile à déterminer. Une origine karstique, (anciens poljés liés à la période de creusement maximal du Rhône à Beaucaire), peut être envisagée. M. Gottis (1968) a émis l'hypothèse de leur formation par déflation éolienne.

F. MÉNILLET 1973

 

 

 

Propositions Raymond Diaz 2002

De 650 000 à 350 000 ans B.P. : relèvement tectonique de la costière depuis les garrigues jusqu’à Vauvert => barrage pour le Rhône et le Gardon qui prennent la direction Sud devant Beaucaire, coulant désormais Nord – Sud, directement vers Arles et la mer.

En 23 000 000 B.P., le plissement avait constitué de petits bassins où se rassemblent les eaux de ruissellement.

Ces dépressions forment rapidement des lacs préhistoriques.

Ce sont les dépressions de Jonquières Saint Vincent, le Mas du Sacré-Coeur, Clausonne, Redessan, Campujet, Manduel et autour de Nîmes, la Vistrenque

 

Histoire géologique et tectonique de la région

• Les photos prises de satellites ou la carte géologique de la France permettent d’un seul coup d’œil de voir 2 grands types de structures dans notre région :

— d’une part, des structures plissées de direction E-W (comme l’accident de Roquemaure, la Montagne de Lure, les Alpilles, le Luberon, la Ste Victoire, la Nerthe, la Ste Baume…) souvent accompagnées de failles ou de chevauchements de même direction,
— d’autre part, une série de dépressions allongées de direction SW-NE correspondant à des bassins oligocènes (en rose sur la carte, le bassin d’Alès étant le plus marquant) et des reliefs de même direction. Ils sont liés à un système de failles SW-NE, comme la faille des Cévennes et la faille de Nîmes.

• La faille des Cévennes (N 35°) sépare sur une centaine de km les terrains anciens du sud-est du Massif Central du domaine essentiellement mésozoïque des « Garrigues ».
Ce domaine des Garrigues constitue une partie du domaine plissé pyrénéo-provençal. Les formations d’âge crétacé à éocène y sont ondulées selon des plis d’axe E-W . Les assises de l’éocène inférieur sont parfois affectées d’un fort pendage ; la phase majeure du plissement peut être datée du Bartonien. C’est dans la partie nord du domaine que les plis sont le plus marqués, souvent déversés vers le N, et les failles E-W (comme celle de Roquemaure) apparaissent essentiellement localisées sur les flancs N des plis. Leur jeu principal est contemporain de la phase majeure, vers 40 Ma environ. Cette phase compressive de direction sensiblement S à N est liée à la compression pyrénéenne. Au cours de cette phase la faille des Cévennes a eu un jeu décrochant sénestre.

• La faille de Nîmes (N 55°), quant à elle, sépare le domaine stable des Garrigues du domaine des « Costières » caractérisé par l’existence de profonds fossés plus ou moins masqués par les dépôts ultérieurs. Les forages profonds de la SNPLM ont en effet mis en évidence un paléofossé très important à l’emplacement de la partie centrale des Costières, sous laquelle la série Oligocène-Aquitanien atteint localement 4000 mètres de puissance (la base de l’Oligocène se trouve presque à 5000 mètres !). Le jeu normal de la faille a dû se faire essentiellement durant cette période. Elle a aussi joué en décrochement. Elle se continue au niveau du fossé de Pujaut à l’ouest d’Avignon et se prolonge à l’est du Rhône vers Courthezon, les « dentelles » de Montmirail (diapir de Lafare-Suzette) et la montagne de Bluye.

• On est donc en présence de 2 phases tectoniques radicalement différentes :

— une première phase compressive liée à l’orogenèse pyrénéenne, de direction S à N, vers 40 Ma (Bartonien). Cette phase est responsable des plis et failles qui affectent aussi bien le domaine languedocien des garrigues (occidental) que le domaine provençal (oriental). Au cours de cette période le jeu des failles SW-NE (préexistantes) est essentiellement décrochant,
— une seconde phase distensive d’âge oligocène et de direction sensiblement NW-SE (perpendiculaire à l’axe des fossés oligocènes) débute vers 30 Ma (Stampien) ; elle est liée au rifting continental préalable au mouvement du bloc corso-sarde (à l’Est duquel une subduction active provoque l’ouverture d’un bassin de type arrière-arc). Elle s'est poursuivie jusqu’au début du miocène en prenant une configuration un peu différente liée à la rotation du bloc corso-sarde (mouvement qui s’arrêtera vers 18 Ma). Au cours de cette phase certaines anciennes failles décrochantes de direction cévenole ont été réactivées, avec un jeu normal cette fois (d’où le bassin d’Alès de direction parallèle à la faille des Cévennes , N 35°). Dans le domaine provençal ( oriental ) elle se traduit par l’ouverture de petits bassins, dont le plus important est le bassin oligocène de Marseille.

• La transgression de la mer miocène, qui débute à l’Aquitanien et s’étend encore au cours de l’Helvétien. Elle résulte de l’océanisation du bassin liguro-provençal consécutive à la migration du bloc corso-sarde.


• Tectonique profonde : Les recherches pétrolières au sud de Nîmes ont mis en évidence par forages les structures profondes qui accidentent le substratum de la zone comprise entre les Garrigues et le Rhône (ou le golfe du Lion). Ces structures sont limitées par une série de failles normales affectant le substratum ante-miocène, leur direction générale est SW-NE. La plus occidentale est la faille de Nîmes qui sépare la zone des Costières du domaine des Garrigues, relativement stable depuis l’Eocène. C’est un très grand accident dont on suit la trace depuis l’extrémité orientale des Pyrénées jusqu’au massif de Gigondas. Son rejet vertical peut atteindre localement près de 5000 mètres. Les forages profonds montrent qu’elle s’horizontalise en profondeur au niveau du Trias salifère qui constitue une couche-savon jouant le rôle de décollement. Les autres failles reconnues (elles sont souvent masquées par des sédiments récents) sont à peu près parallèles à la faille de Nîmes, à l’exception de celle de Bellegarde qui est de direction WNW-ESE.

• L’ensemble de ces failles détermine :
A - au Nord de la faille de Bellegarde, de l’Ouest vers l’Est :

— le fossé de Pujaut, qui se poursuit au Sud Ouest par celui des Costières. La bordure NW du graben (faille de Nîmes), au niveau de Rochefort-du-Gard, est affaissée en petits gradins. Des forages implantés au centre ont traversé plus de 400 m de Pliocène, et l’un d’eux a atteint le substratum calcaire crétacé, surmonté d’Oligocène, à 536 m de profondeur.
— un horst qui fait émerger le substratum calcaire dans les collines des Angles / Villeneuve-les-Avignon, la Montagnette et les collines de Beaucaire, il se poursuit en profondeur jusqu’à Bellegarde ;
— un autre fossé, dit de Tarascon, entre la Montagnette et la terminaison occidentale des Alpilles. [Au nord de la Durance, dans le Comtat, on trouve plusieurs structures parallèles en horsts et fossés]

B - au Sud de la faille de Bellegarde on n’a plus qu’un seul fossé, mais compliqué de gradins intermédiaires. C’est la zone de subsidence maximale : le forage de Pierrefeu, à 3 km au Sud Est de Vauvert, a rencontré 575 m de Pliocène, 1 165 m de Miocène (Aquitanien) et 2 980 m d’Oligocène avant de toucher le substratum calcaire crétacé à 4 920 m de profondeur.
Vers le Sud Est, au delà du fossé des Costières, on entre dans la zone de subsidence plio-quaternaire de la Camargue (delta du Rhône).
A la faveur de la faille de Nîmes le Trias salifère rencontré à 5 200 m de profondeur au forage des Angles, avec une puissance supérieure à 400 m) remonte en diapirs : diapir de Courthezon et diapir de Lafare-Suzette, ce dernier ayant perforé et rebroussé à la verticale les terrains sus-jacents (Dentelles de Montmirail)

LUBES R. &  MARCEL C. 2004 

Oligocène :

Le Paléogène (Paléocène Éocène Oligocène) a une longue période continentale (lacustre ou saumâtre) qui ne prendra fin qu'avec la transgression miocène... A l'oligocène se généralise ce type de sédimentation grâce à la mise en place de fossé d'effondrement contemporains de ceux des Limagnes d'Allier et de Loire et de celui d'Alsace...

Sous la Camargue et la Costière de Nîmes, un oligocène encore plus épais, complété par un aquitanien à influences marines, entasse sur plusieurs milliers de mètres des sédiments...

L'Oligocène est donc une période cruciale de l'histoire de l'axe rhodanien. Les phénomènes d'effondrement et de subsidence qui la marquent préparent la création du sillon miocène périalpin...

Modifié d'après G.Demarcq 1973


G. Demarcq 1973
Transgression Miocène bas Languedoc et vallée du Rhône 
(pour ma première fois donne son individualité morphologique à la vallée du Rhône)

La crise de salinité messinienne en Méditerranée

 

Cette dénomination, « crise de salinité messinienne », vient de l'existence d'une épaisse série d'évaporites déposées en un temps restreint à la fin du Miocène, au sein de l'étage Messinien (7,25-5,33 Ma). Connues depuis longtemps en Sicile (Messine ; affleurements et mines), ces évaporites ont été reconnues par la prospection sismique dans le Golfe du Lion puis dans les autres bassins méditerranéens où les forages du Deep Sea Drilling Project ont traversé pour la première fois leurs couches sommitales en 1970.

Les causes de l'évènement messinien

L'assèchement et les dépôts massifs d'évaporites en Méditerranée ont résulté de l'isolement de cette mer intérieure vis-à-vis de l'océan Atlantique. Par une combinaison de mouvements tectoniques (convergence des continents africains et européens) et d'une chute significative du niveau général des océans (croissance de la calotte glaciaire antarctique), le corridor de Gibraltar, seule connexion entre Mer méditerranée et Océan Atlantique a été momentanément fermé. Cette fermeture a provoqué un défaut d'alimentation en eaux marines de la Méditerranée entraînant une dessiccation par évaporation de cette dernière.

L'érosion fluviale profonde sur les continents périphériques

Les images de sismique-réflexion combinées aux données de forages d'exploration ont montré que le niveau de base de la Méditerranée s'est abaissé d'environ 1200 m vis-à-vis du niveau marin actuel. Cet abaissement est considérablement ample (à titre de référence, l'abaissement, global, du niveau des mers au moment de la dernière glaciation était de seulement 120 m), et court à l'échelle des temps géologiques (estimé à environ 300 000 ans).

Parmi les effets de cette chute du niveau de base de la Méditerranée, il faut noter avant tout le creusement en profondeur de canyons par les fleuves et certains de leurs affluents, et ce sur des distances parfois considérables comme le montrent l'existence d'un canyon fossile sous les fondations du barrage d'Assouan sur le Nil (à 700 km du littoral) ou encore le franchissement des Carpates par les Portes de Fer aux confins de la Serbie et de la Roumanie. Dans le Sud-Est de la France, les manifestations les plus spectaculaires sont les incisions fluviales bordières qui ont conduit à la formation des vallées du Tech dans les Pyrénées-Orientales et celle du Var dans les Alpes-Maritimes et surtout le creusement sur plusieurs centaines de mètres de profondeur, et jusqu'à la latitude de Beaune en Bourgogne, du canyon de l'ancien système du Rhône et de la Saône (cf. figure ci-dessous). La plupart des vallées actuelles en rive droite du celle du Rhône, y compris les spectaculaires Gorges de l'Ardèche, sont d'anciennes vallées creusées par l'érosion messinienne. L'expression sur les continents de cette érosion messinienne est également souterraine avec le creusement de profonds réseaux karstiques (tant en contexte carbonaté, dolomitique que gypseux) dont l'exemple le plus spectaculaire est certainement la Fontaine de Vaucluse.

L'ennoiement par la mer des canyons messiniens : la ria pliocène

La remontée rapide (~100 ka) du niveau général de la mer sur une hauteur d'environ 100 mètre a provoqué la remise en eau de la Méditerranée et la brusque invasion par la mer des canyons messiniens, donnant naissance à la « ria pliocène ». Cette ria marine remontait jusqu'à la latitude de Lyon (Caluire plus précisément. L'existence de la mer est attestée par la présence de microfossiles typiquement marins (foraminifères planctoniques, microalgues calcaires, dinoflagellés). Le système des rias rhodanienne et durancienne a été par la suite plus ou moins complètement comblé par les alluvions conglomératiques issues des Alpes externes en surrection au Pliocène supérieur (e.g., alluvions jaunes de la côtière de la Dombes et du plateau de Valensole).

G Dromart  2020 


G
Dromart  2020

les paleo Rhône et Durance
in Ballesio 1972

Le paleo Rhône suit l'A7 (Est de Montélimar) et A9 (Nord de Pujaud)!!! 
 
Ballesio 1972
Transgression pliocène, plus modeste
Ballesio 1972

Si vous êtes encore perdus après ces explications ==> dernière chance ici

 

 

 

 

Indications Morphologiques

Pédologiques et phytosociologiques

 

 

Données Geoportail (https://www.geoportail.gouv.fr/)

Rouge : Fersialsols : Les fersialsols sont des sols caractérisés par une couleur rougeâtre. Ils se sont constitués sous des climats méditerranéens ou tropicaux. Leur couleur rougeâtre provenant de la présence de cristaux de fer est apparue au cours de leurs processus de formation. L’horizon au contact de la roche est aussi plus argileux, très bien structuré, à bonne capacité d’échange et de rétention pour l’eau et les éléments nutritifs. Le matériau parental peut provenir de nombreux substrats géologiques, à l’exception des marnes.

Alluvions villafranchiennes d'origines rhodano-duranciennes formant des hauts niveaux de terrasses en Costières du Gard, s'affaiblissant progressivement jusqu'au Lez.

Jaune : Calcosols : Les calcosols sont des sols moyennement épais à épais (plus de 35 cm d’épaisseur), développés à partir de matériaux calcaires. Ils sont riches en carbonates de calcium sur toute leur épaisseur, leur pH est donc basique. Ils sont fréquemment argileux, plus ou moins caillouteux, plus ou moins séchants, souvent très perméables. Ils se différencient des calcisols par leur richesse en carbonates.

Costières du Gard. Terrasses du Rhône (Hauts niveaux villafranchiens et niveaux indifférenciés). Cailloutis d'origine rhôdano-durancienne recouvert par des dépôts loessiques ou limoneux moyennement épais à épais (>50 cm). Verger-maraîchage

Orange : Calcisols : Les calcisols sont des sols moyennement épais à épais (plus de 35 cm d’épaisseur). Bien qu’ils se développent à partir de matériaux calcaires, ils sont relativement pauvres en carbonates de calcium et ont donc un pH neutre à basique. Ils sont souvent argileux, peu ou pas
caillouteux, moyennement séchants, souvent perméables. Ils se différencient des calcosols par leur abondance moindre en carbonates.

Costières du Gard. Terrasses du Rhône (Hauts niveaux villafranchiens et niveaux indifférenciés). Cailloutis d'origine rhôdano-durancienne recouvert par des dépôts loessiques ou limoneux peu à moyennement épais (20-50 cm). Vigne et verger.

Bleu : fluviosols : Les fluviosols sont des sols issus d’alluvions, matériaux déposés par un cours d’eau. Ils sont constitués de matériaux fins (argiles, limons, sables) pouvant contenir des éléments plus ou moins grossiers (galets, cailloux, blocs). Situés dans le lit actuel ou ancien des rivières, ils
sont souvent marqués par la présence d’une nappe alluviale et sont généralement inondables en période de crue

Vistrenque, Uzégeois (Gard), Lunellois (Hérault). Larges vallées mal drainées (altitude très basse et pente faible) colmatées avec des dépôts limono-argileux. Vignes, prairies, céréales dans les zones les plus engorgées.

Si la Vistrenque s.s. reste éloignée du périmètre de Manduel, certains terrains au nord de la commune (le village compris) en épousent les caractéristiques : c'est pourquoi nous les détaillerons. Par contre au sud du village tout converge vers une attribution à des sols des Costières
LA VISTRENQUE

La Vistrenque : Plaine humide, jadis marécageuse, la Vistrenque est maintenant drainée par de nombreux drains profonds et des canaux. Dans le matériel limoneux qui recouvre cette dépression, se sont développés des sols noirs hydromorphes et calcimorphes. La teneur en calcaire atteint et dépasse 40 %. Fréquemment, ces sols présentent des accumulations calcaires à profondeur variable, localement indurées en « croûte ». Le drainage de la Vistrenque a permis le développement de la polyculture qui recule maintenant devant le front d'urbanisation de la ville de Nîmes.

 

Sols des Costières. Ils ont été étudiés et cartographiés en détail par le Service des Sols de la C.N.A.R.B.R.L.. De manière simplifiée, ils peuvent être classés en trois groupes : 

  • — les sols anciens, développés sur les formations détritiques des Costières ;

  • — les sols établis sur les limons loessiques ;

  • — les sols peu évolués sur roche mère d'origine colluviale, limoneuse ou li mono -caillouteuse.

Les sols anciens, développés sur les formations détritiques des Costières, souvent rouges, marquent fortement le paysage. Le Service des Sols de la C.N.A.R.B.R.L. a distingué dans cet ensemble toute une gamme de sols et établi une relation entre le degré d'évolution du sol et l'âge du dépôt. Les sols les plus évolués sont localisés sur les plateaux les plus élevés. Ce sont des sols lessivés à accumulation argileuse colmatée rouge ou bariolée (sols fersiallitiques désaturés, très lessivés à podzoliques- gress caveran en dialecte). Ils sont parfois fossilisés sous une couverture de limons loessiques qui sont eux-mêmes la roche mère de sols plus récents. Le type de sol le plus caractéristique des Costières est un sol lessivé à accumulation argileuse rouge à bariolée, non colmatée (sol fersiallitique lessivé modal - gress à gapan). Il occupe des surfaces étendues entre Bouillargues et Meynes. Les sols les moins évolués de cette gamme sont des sols bruns caillouteux à accumulation argileuse rouge (sols fersiallitiques saturés à légèrement désaturés, lessivés). Ils sont fréquents entre Bellegarde et Beaucaire.

Dans les limons loessiques, se sont développés des sols bruns, plus ou moins lessivés, selon l'âge du dépôt. Ils présentent souvent des accumulations calcaires diffuses ou en forme d'encroûtements (taparas), principalement localisées au niveau des discontinuités granulométriques, soit au contact des limons et des cailloutis sousjacents, soit à la base des horizons lessivés des sols fossiles établis dans la partie supérieure de ces cailloutis. Les phénomènes d'érosion et de colluvionnement, la cryoturbation quaternaire, les pratiques culturales ont, en bien des points, stoppé ou modifié les modalités de ces pédogenèses.

Végétation des Costières. Jadis probablement recouverte d'une forêt mixte de chênes verts et de chênes pubescents, les Costières ont été mises en culture. Dans la première moitié de ce siècle, l'exode rural a permis une reconquête partielle de la végétation, atteignant localement le stade forestier. Cette évolution « progressive » a cependant été freinée par l'importance du pâturage et de l'exploitation forestière. D'importants travaux d'irrigation, effectués au cours des vingt dernières années (1972!), ont permis de nouveau l'extension de la culture de la vigne, des arbres fruitiers, des céréales et des plantes fourragères. Entièrement renouvelé, le paysage des Costières est maintenant orné de haies et de cyprès dont le rôle est de freiner l'évaporation importante due à la fréquence des vents desséchants du secteur nord. Dans la période de grand abandon des Costières, G. Kuhnholtz-Lordat (1949) a examiné l'évolution de la végétation. Sur les plateaux à tendance xérophile, cet auteur a distingué une série de peuplement végétaux en stades successifs jusqu'à l'installation d'un climax forestier. .... Plus généralement, la friche post-culturale passe directement à un stade préforestier avec landes à Thymus vulgaris L. et Lavandula latifolia (Aspic) ou à Cistes avec Cistus salvifolius et Lavandula stoechas L. sur terrains strictement silicicoles ou plus généralement Cistus monspeliensis L., en peuplements particulièrement vastes et continus sur les formations détritiques des Costières. Dans ces landes, apparaît et se développe le chêne kermès (Quercus coccifera L.) qui prédomine et subsiste dans des conditions très défavorables (xérophilie, incendies). Les dépressions des Costières, anciennement drainées et cultivées, ont subi une évolution comparable à celle des plateaux. Elles ont été fréquemment envahies par Holoschoenus vulgaris Link., si l'hydromorphie est constante ou par Deschampsia média (Gouan) R. et S., souvent associée à des sols à texture limoneuse et haute teneur en calcaire et qui supporte des périodes de sécheresse relativement prolongées. Par assèchement naturel, la dépression peut évoluer vers une lande à Thymus vulgaris L., par l'intermédiaire d'une prairie à Brachypodium phoenicoides et Dactylis glomerata L.

Bien des vallons des Costières ont également évolué vers une xérophilie relative, avec l'évolution régressive suivante : populaie -> ulmaie -> chênaie mixte (Quercus pubescens et Q. ilex) -» chênaie verte (Q. ilex).

F. MÉNILLET 1973

 

 


sable

marne

argile
Données Géotechniques

La Vistrenque et les dépressions des Costières : 

Ces aires basses sont tapissées de formations meubles, hydromorphes, d'épaisseur variable. Localement, les teneurs en argile de ces formations peuvent atteindre et dépasser 40 %. Celles-ci peuvent contenir des « croûtes » calcaires plus ou moins indurées et plus ou moins ondulées. Ces formations ont une résistance mécanique très faible et sont sujettes à des tassements importants. Aucune formation tourbeuse étendue n'a été observée.

 Les Costières : trois principaux types de sols de fondation sont à considérer : 

  • les formations détritiques des Costières: constituées de galets, proches à contigus, bien enchâssés dans une matrice argileuse, ont une tenue relativement bonne et une certaine homogénéité. Elles sont cependant localement hydromorphes et peuvent être indurées en conglomérats plus ou moins discontinus (Bellegarde)

  • les limons : ont des épaisseurs relativement faibles dans l'ensemble ; leurs caractéristiques ne diffèrent guère de ceux des garrigues. Leur surface de base est cependant fréquemment horizontale

  • les colluvions limono-caillouteuses : ont des caractéristiques qui ne sont guère supérieures à celles des limons avec, en outre, une hétérogénéité importante.

F. MÉNILLET 1973

Hydrogéologie 

Vistrenque :

Elle constitue, entre Garrigues et Costières, une zone déprimée en légère déclivité du Nord-Est vers le Sud-Ouest qui forme l'amont d'un système aquifère se poursuivant, bien au-delà de la feuille, jusqu'à la Mer Méditerranée. L'épaisseur des formations détritiques (sables et conglomérats plus ou moins argileux) qui occupent cette zone augmente régulièrement du Nord-Est - où affleure le mur imperméable du réservoir aquifère (argiles plaisanciennes) - vers le Sud-Ouest où elle atteint quelques dizaines de mètres. Ce réservoir recèle une nappe continue mais localement stratifiée par des passées argileuses ou par des passées conglomératiques fortement cimentées. Les paramètres hydrauliques de l'aquifère peuvent ainsi varier dans d'assez fortes proportions selon les points, de même que la situation des niveaux aquifères productifs ; on observe ainsi des transmissivités comprises entre 10-2 et 10-3 m2/s et des coefficients d'emmagasinement allant de quelques % jusqu'à plus de 10 %. La profondeur de l'eau par rapport au sol dépasse rarement cinq mètres et son niveau d'équilibre est soumis à des fluctuations saisonnières en général comprises entre un et trois mètres ; toutefois la nappe ne cesse pas d'être drainée par le Vistre, que l'on soit en hautes ou en basses eaux. Les points de prélèvement, tant à usage alimentaire qu'à usage agricole, sont particulièrement nombreux en Vistrenque et leurs débits varient entre quelques m3/h et jusqu'à 200 m3/h. Le volume global de ces prélèvements paraît encore inférieur aux possibilités de la ressource disponible, les possibilités d'alimentation de la nappe étant par ailleurs favorisées par le développement, sans cesse en accroissement au cours de ces dernières années, de la pratique des irrigations. A cet égard, on doit observer que la diminution parfois constatée du débit de certains captages n'est pas imputable, si l'on s'en réfère à la piézométrie générale de la nappe, à un appauvrissement de la ressource, mais au vieillissement des ouvrages captants (colmatage par les particules fines, incrustations). Il serait opportun que soient précisées les possibilités réelles et les limites permises pour l'avenir à une exploitation plus rationnelle de ce réservoir.

Costières :

En situation topographique élevée par rapport aux régions périphériques, les formations détritiques de la Costières constituent elles aussi un système aquifère bien délimité, mais moins épaisses et moins perméables, elles n'offrent qu'un intérêt réduit du point de vue hydrogéologique.

La nappe qu'elles recèlent est « perchée » en raison de la position élevée de son mur imperméable (argiles plaisanciennes sur presque toute l'étendue) et son alimentation se fait exclusivement par les pluies.

L'épaisseur de la zone saturée est variable, liée à la morphologie irrégulière du substratum, mais, même dans les zones les plus favorables où cette épaisseur peut atteindre une dizaine de mètres, le débit des ouvrages ne dépasse qu'exceptionnellement 10 m3/h.

Par contre, son plus grand intérêt est d'assurer l'écoulement de nombreuses petites sources, toutes utilisées, situées soit sur sa bordure nord 

  • —où la nappe de la Vistrenque bénéficie en outre d'une alimentation permanente par déversement souterrain de la nappe de la Costière tout au long de la limite de ces deux systèmes aquifères 

  • — soit sur sa bordure sud et notamment dans le val de Bellegarde emprunté par la route nationale 113.

Dans la partie orientale où les argiles plaisanciennes sont absentes, la formation aquifère repose directement sur les calcaires crétacés qui jouent un rôle de drain pour les eaux de surface (dépression fermée de Jonquières-et-Saint-Vincent) ainsi que pour les eaux souterraines de ce secteur ; mais l'exutoire des eaux ainsi dérivées n'est pas encore connu : il pourrait se situer vers la plaine du Rhône, peut-être à la Font de Pécoud sous les carrières de Beaucaire ? Aussi bien en Costière qu'en Vistrenque, les quelques sondages profonds réalisés à ce jour pour la prospection pétrolière n'ont pas permis d'établir l'existence de réservoirs aquifères intéressants en dessous des argiles plaisanciennes. Seuls quelques indices de présence d'eau (pertes de circulation en cours de forage) ont été notés à la traversée de formations calcaires ou dolomitiques. Par contre, un forage destiné à la recherche d'eau à Garons (965.6.94) s'est révélé sec sur les 50 m reconnus dans le Miocène argilo-gréseux sous près de 300 m de Pliocène. Faute de données plus nombreuses et plus précises, aucune conclusion ne peut être apportée sur l'intérêt hydrogéologique des formations infra-pliocènes.

F. MÉNILLET 1973

 

 

 

 

Bibliographie
Ballesio R. 1972 Étude stratigraphique du Pliocène rhodanien. Lyon : Laboratoire de géologie de la Faculté des sciences de Lyon,  
Demarcq G. 1973 Lyonnais Vallée du Rhône, Guides Géologiques Régionaux, 178p.,  Masson

Dromart G. 2020 La crise de salinité messinienne en Méditerranée (https://planet-terre.ens-lyon.fr)

Lubes R. &  Marcel C. 2004 (https://www.lithotheque.ac-aix-marseille.fr)
Ménillet F. 1973 notice & carte géologique de  1/50000 Nimes, BRGM
Roley J. P. 2007 Geologie du département du Gard -  https://www.youscribe.com

 

 

Des Ancêtres

 

Paléolithique de Campujet (*): 300 000 à 2 500 ans av. J.-C.

A quelques kilomètres, au Sud-Est de Manduel sur les berges d’un lac préhistorique actuellement comblé.

Fréquenté par des chasseurs-cueilleurs Nomades Erectus, Néandertals puis Cro-Magnons

Le creusement du canal des Costières a détruit en partie le gisement et malheureusement aucune stratigraphie n’a pu être observée (c’est ce qui explique l’importante amplitude de la période de datation des objets trouvés)

Paléolithique de la Treille (* *): 26 000 à 10 000 ans av. J.-C. (Fouilles en juillet 2000)

A l’Ouest- de Manduel (au Sud-ouest de la station d’épuration)

Fréquenté par des chasseurs-cueilleurs Nomades Cro-Magnons

Néolithique de Saint Paul (*) : 6 000 à 2 500 ans av. J.-C.

A l’ouest de Manduel, après le cimetière en allant vers Rodilhan

Village néolithique – Hommes modernes descendants des Cro-Magnons – Sédentaires. Eleveurs. Cultivateurs

Néolithique de la Zone de Fumérian (*) : de 6 000 à 600 ans av. J.-C. (Sources : ACPM 1994-05 et 1994-06)

A l’Est de Manduel, au Nord de la noria, entre la voie ferrée et le chemin qui relie Manduel à la route Redessan-Bellegarde – à proximité de la Voie Domitienne

Ici et là un habitat gallo-romain est venu se superposer à un habitat plus ancien